Renforcement de l’utilisation de la traction asine et des capacités productives des exploitations agricoles familiales dans 26 villages des provinces du Boulkiemdé, Sanguié, Sanmatenga et Yatenga, au Burkina Faso
Notre projet 2018-2021 de mécanisation des tâches agricoles grâce à l’utilisation des ânes de trait est maintenant arrivé à son terme. Réalisé en partenariat avec l’organisation paysanne FEPAB, il a permis de former plus de 10 000 petits producteurs, d’accroitre les rendements agricoles et d’améliorer la sécurité alimentaire des familles. Pour obtenir ces résultats concrets et surtout assurer leur durabilité dans le temps, c’est un vaste programme d’activités qui a été mis en place autour du duo âne-kassine.
Des capacités locales renforcées et un transfert de compétences à tous les niveaux
Plus de 200 kassines, avec leurs accessoires, sont désormais disponibles sur le terrain, aussi bien au niveau des villages où ce matériel peut être loué, qu’au niveau de coopératives où il est géré entre les membres. Des comités de gestion ont été créés et formés afin d’organiser l’utilisation communautaire des outils agricoles, mais aussi des ânes de trait, des harnachements et des charrettes. Des formateurs locaux assurent l’encadrement continu des producteurs, ensemble avec les techniciens du ministère de l’agriculture détachés dans chaque zone. Ces formateurs et techniciens ont suivi des formations régulières aussi bien sur les techniques d’attelage et d’utilisation des outils agricoles, que sur les itinéraires de production en traction animale, l’utilisation des intrants et la préservation de l’environnement. L’entretien et le bien-être des ânes de trait fait partie intégrante des formations à tous les niveaux. Des champs de démonstration permettent aux producteurs d’apprécier de visu les résultats obtenus. Des artisans villageois (forgerons et cordonniers) ont été formés à la réparation et à l’entretien des outils ainsi qu’à la production de colliers et licols. Quelques ateliers bien équipés ont été formés à la fabrication des kassines et accessoires afin de garantir une production locale. Des fonds de garantie ont été mis en place pour permettre aux producteurs d’accéder à crédit aux semences et engrais de bonne qualité. Enfin des formations d’aide à la décision (Conseil agricole) ont été dispensées afin d’apprendre aux producteurs à gérer leur petite exploitation familiale : planifier et alterner les cultures, préserver les récoltes, organiser de manière rationnelle le grenier, calculer les besoins en intrants et tenir un budget.
Un cadre de travail cohérent et impliquant les populations bénéficiaires
Ainsi, il ne suffit pas simplement de remplacer le travail à la main par la traction asine pour améliorer les conditions de vie des populations et susciter des changements durables. C’est la mise en œuvre de toutes les mesures d’accompagnement autour du duo âne-kassine qui a véritablement contribué à créer un cadre de travail homogène où les différentes activités s’appuient entre elles et tendent vers un même objectif. Cependant une autre variable a également joué un rôle primordial : la participation des populations et autorités locales. Sans cette implication directe des acteurs de terrain le programme n’aurait pas pu atteindre ses objectifs, en particulier dans le contexte actuel d’insécurité et de pandémie du coronavirus que connait le pays. A la fois la mobilisation des populations dans les activités, la participation des autorités au pilotage du projet, ainsi que la prise d’initiatives locales, ont permis de lever nombre d’obstacles et de mener efficacement le programme à son terme. Il en résulte une responsabilisation et une collaboration à tous les niveaux (producteurs, formateurs, techniciens, autorités, coopératives, villages) qui leur permet de s’entraider et de trouver ensemble des solutions adaptées aux spécificités de chacun.
Une autonomie à consolider
Le projet a non seulement contribué à la sécurité alimentaire des familles rurales à travers la promotion de la traction asine, mais il a en même temps créé une dynamique sur le terrain qui a renforcé l’appropriation locale et qui va permettre aux bénéficiaires et acteurs de poursuivre le travail de manière autonome. Deux nouveaux villages se sont joints entretemps au programme, portant leur nombre à 28 au total. D’autres villages et/ou producteurs demandent à bénéficier de formations et de champs de démonstration. De nouvelles coopératives sont en voie de création. Le porte-outil kassine est désormais reconnu par le ministère de l’agriculture et fait partie du matériel subventionné par l’Etat. La communication autour du projet (champs de démonstration, radio, théâtre) incite les populations à utiliser la traction asine dans les travaux agricoles et à mieux soigner les animaux de trait. Ces succès nous encouragent à préparer une seconde phase du projet avec un programme d’activités élargi ainsi qu’une zone d’intervention plus étendue. Ce qui nous permettra non seulement de consolider les résultats obtenus mais aussi de toucher de nouveaux bénéficiaires.
Jacqueline Monville
Chargée de projets